7 juillet 2013
7ème et dernière étape!
MAUVAGES – BONNET – BURE
Au menu:
Intérêts financiers contre Nature
Une commune qui ose se mouiller
Le nucléaire et son lobby surpuissant
Des intimidations inutiles payées par le contribuable…
LE HALAGE DU DÉBAT NE FAIBLIT PAS!
Réveil à la campagne, cogitations naturelles
La nuit passée sous la tente pour les uns, sous les étoiles auprès du feu pour les autres, a été réparatrice. On se lève tôt car il faut faire 15 km jusqu’à Bonnet où nous avons RDV à 11h: le lever de soleil est magnifique, avoir le temps de l’observer est une richesse, comme de l’or, que l’argent (les dollars!) ne peut égaler.
Ainsi nous dirons que la nature nous est d’une plus grande utilité que la finance! Dans ce climat de crise, protégeons la Nature plutôt que le système économique, qui arrange surtout les affaires des puissants, au détriment de la Vie.
Alors serrer la ceinture pour sauver les puissants et leurs promesses, ou risquer le changement?
Tel est notre choix!
Lors du Halage du Débat de décembre 2012, nous avons entendu de la bouche de l’ANDRA « Il faut savoir prendre des risques, l’enfouissement est un pari sur la capacité de l’argile à retenir la radioactivité » : ils ne savent pas du tout si ça tiendra!
Le changement fait peur, on risque de laisser faire des choses graves!
Alors quitte à jouer la roulette, risquons plutôt le changement en profondeur (au bénéfice du peuple), que l’enfouissement en profondeur (au bénéfice des actionnaires)!
En route pour Bonnet!
Beaucoup d’énergie dépensée depuis une semaine, mais la détermination nous donne le second souffle qui nous fait avancer toujours et encore sur les chemins de Halage. Au pied levé, petit déjeuner agrémenté d’une dose de spiruline et d’une décoction de prêle: merci la Terre-Mère-Nourricière qui nous donne de quoi tenir le coup!
Nous sommes 5 à partir à vélo, dont un petit garçon, par la route, avec des montées et des descentes. D’autres nous rejoindront sur place.
Sur la route, les gendarmes croisés la veille viennent à notre hauteur, et s’assurent que tout va bien pour nous. Nous apprécions leur courtoisie, et les invitons à venir pour l’apéro à Bonnet (pour eux ça sera jus de fruits bien sûr). Peu de temps après, la voiture-balai du CAN 84 arrive et assure la sécurité du convoi en se plaçant à l’arrière en feux de détresse. Nous avons le vent de dos, et en 1h 30 on parcourt les 15 km qui nous séparaient de notre objectif. Arrivés à Bonnet on est rejoints par un tandem!
D’autres nous rejoignent en voiture. Le Maire est sur place, avec un journaliste, et la salle pour l’apéro nous attend!
Bonnet ose prendre position contre l’enfouissement!
C’est rare de voir une telle prise de position officielle, et voir cela se passer juste à côté de l’épicentre de CIGéo fait plaisir. Nous sommes très bien reçus.
Le soleil est de la partie, quelques militants improvisent un petit air de musique sur la place: un rassemblement aux airs de fête!
Les gendarmes rencontrés le matin arrivent eux aussi, et c’est dans une ambiance très décontractée qu’on discute avec eux.
On attaque: mise en place du décor militant, banderoles et drapeaux, rassemblement pour la photo du journaliste, un petit groupe de 4 personnes avec le grand vélo part en déambulation dans les rues du village, instruments de musique à la main, semant les notes de musique sur leur passage pour le plaisir des habitants.
L’apéritif commence. Reynald, un homme aujourd’hui âgé, qui connaît très bien le sujet à propos de l’enfouissement, anime une mini-conférence avec une synthèse précise et claire des aberrations du projet CIGéo.
Points important de son discours:
– « C’est infaisable, et illégal, l’enfouissement crée un problème IRREVERSIBLE et non une solution pour les déchets nucléaires. La solution la moins chère, la plus adaptée, et RÉVERSIBLE est un entreposage accessible en surface dans des bâtiments spéciaux. Ça on sait le faire. »
C’est ce qui était prévu à l’issue du Débat Public de 2005, qui a fini jeté aux oubliettes avec la complicité de l’État pendant les vacances d’été 2006 (vote par seulement 19 députés sur 577!)
– « Les températures extrêmes dégagées par les colis de déchets sont incompatibles avec une quelconque sécurité car cela pourra provoquer des dilatations/rétractions de la matière qui compose le sol, risquant des fissures qui laisseront remonter la radioactivité. UNE FOIS EN SURFACE ON EST IN-CA-PABLES DE GÉRER CETTE RADIOACTIVITÉ!«
Les Bure Haleurs prennent la suite et animent l’affaire avec leurs chansons militantes, sous les applaudissements de leur camarades et des habitants du secteur venus pour l’occasion.
Repas au bord du ruisseau
Tout le monde se retrouve pour casser la croûte au lavoir à la sortie du village, un endroit très agréable et reposant. Un peu de repos avant de se rendre à Bure assurer une action joviale devant les grilles du centre d’enfouissement de l’ANDRA… Pardon, devant le « laboratoire » pour être précis (c’est le petit nom qui lui est donné, on en reparle tout à l’heure).
Réaction disproportionnée
David part en avance avec son grand vélo, se rend à la maison « Bure Zone Libre » afin de publier l’article précédent du blog. Sur la route il passe devant le site de l’ANDRA et décide d’aller parader devant la grille avec ses drapeaux colorés. Ca ne fait pas un pli! En quelques minutes 2 motards de la gendarmerie débarquent au rond point alors qu’il quitte la place devant le site. Ils font un tour de rond point et voyant qu’il est seul, ils repartent. Le grand vélo prend ensuite la direction de Bure, et là rebelotte: il se fait doubler sur la route par les 2 motards. Une fois arrivé au village de Bure, cette fois ce sont 2 voitures différentes de la gendarmerie qui se mettent à roder dans les rues. Quelle réactivité pour un type seul à vélo!!!
On en rigole mais ça nous semble plutôt grave, d’utiliser les forces de gendarmerie pour des intérêts privés… Imaginez un instant que nous manifestions contre n’importe quoi d’autre, croyez-vous que nous aurions affaire au même déploiement de force? CQFD
Voilà le genre de verrous qui met le doute, qui semble révéler un contexte vraiment malsain!
Avec le nucléaire comme énergie, nous sommes sous la coupe d’un des plus puissants lobbys, et les motivations derrière les décisions dans ce domaine sont, comme nous l’avons constaté à plusieurs reprises, financières plutôt que raisonnables. Les moyens de pression sont légion.
La SAFER dans la connivence?
Un autre point de détail pour apporter un peu d’eau à notre moulin, la SAFER, organisme en droit de préempter les terres agricoles dans une optique de défense des agriculteurs, utilise ce droit de préemption dans le secteur du projet CIGéo pour… accaparer les terres et cela à destination de l’ANDRA! (donc du nucléaire)
Ne peut-on pas appeler cela de l’ingérence?
Essayez donc de vous installer en agriculture Bio en Meuse, vous verrez si la SAFER vous aide…
Parade de chansons devant les grilles de l’ANDRA
Le rendez-vous est donné à 17h.
Une trentaine de personnes se rassemble devant le pseudo-laboratoire de l’ANDRA, projet « scientifique » qui a permis d’installer (imposer?) des infrastructures conséquentes et de creuser des galeries à 500m de profondeur sans consulter les populations locales. De ce fait la plupart des gens qu’on questionne pensent qu’il est trop tard pour repousser le projet CIGéo (sans parler des liens d’influence sous forme de sommes astronomiques versées au nom de « l’accompagnement » du projet).
Ca ressemble à une tactique très élaborée et vraiment très « limite » au niveau démocratie…
Comme à l’accoutumée dans les manifestations antinucléaires, nous avons un important comité d’accueil tout de bleu vêtu (encore une fois le sujet aurait été autre que le nucléaire on doute qu’ils eussent été aussi nombreux, bref…). C’est le citoyen qui paie tout ce déballage (on a même vu une voiture bleue non estampillée « gendarmerie » avec une immatriculation parisienne).
Maintenant bien rodés, on entame notre petit spectacle musical avec parade de vélos, de drapeaux. Deux de nos compatriotes sont en situation de handicap, Brigitte et Gégé et ont malgré tout fait le déplacement avec des vélos spéciaux!
De l’autre côté des grilles, ainsi qu’en haut d’un des bâtiments, nous voyons très nettement des personnes, nous prenant en photo avec de gros appareils et cela de façon très voyante (on se doute bien à quel organisme ils appartiennent, je ne vous fais pas un dessin). Des caméras de surveillance suffiraient largement, d’autant que les renseignements généraux doivent savoir parfaitement qui est là (on imagine mal le contraire). Alors pourquoi faire cela de cette façon? Nous imaginons que c’est là une façon de faire pression sur les gens peu informés afin de faire peur et dissuader les moins impliqués (marginaliser les manifestants en somme, la méthode est bien connue). Ils veulent la photo des Bure Haleurs? Eh bien ils n’ont qu’à acheter le journal!
Une fois n’est pas coutume, nous avons évité toute opposition avec les gendarmes, préférant une communication fédératrice du type: « Vous êtes là pour protéger les intérêts des citoyens? Ca tombe bien, nous aussi! ». En tout cas, espérons qu’ils ont apprécié le spectacle!
Comme tout au long du Halage du Débat, ce qu’on retiendra de cette action seront le rire et la bonne humeur qui étaient présents.
Le repos des guerriers
Tout le monde a ensuite pris la route de Bure, direction Bure Zone Libre (la maison de la résistance) où nous avons partagé tous ensemble un repas bien mérité, dans la convivialité. On a pu échanger nos impressions sur cette tournée renversante, pleine de surprises, de rencontres, de joie… d’HUMANITÉ quoi!
Mention spéciale pour la glace au sureau de Marie qui était excellente!