Prise de la Pastille à Bure
3 premières étapes
Un Halage rocambolesque
=> Rejoignez-nous le week-end prochain entre Vaujours et Paris, nous publierons dès que possible les détails (ou même avant pour ceux qui le peuvent). Irène: 06 81 71 54 52, David: 06 61 40 41 30
Article par Vosges matin
suite à notre « appel aux Vosgiens » fin juin
Article par le JHM
La Prise de la Pastille
C’est une 50aine de personnes qui se sont rassemblées devant les grilles de l’ANDRA (Agence Nationale des Déchets Radioactifs) à Bure (55).
On y rencontre des personnages hauts en couleurs: Le Pépère Haddock, Cléo Plâtre, la princesse Chère Rasade, le Capitaine David Sparrow, le Général de Gaule (un seul « L », oui…) et bien d’autres. Les gendarmes bien sûr sont là eux aussi, ils nous connaissent et l’ambiance reste très détendue avec eux du début à la fin (notre spectacle a même semblé les intéresser). Nous les saluons, puis commence une parade: défilé de vélos, avec quelques pièces plutôt remarquables, sur fond de musique de pirates des Caraïbes: le capitaine Sparrow, tout un symbole pour le sujet qui nous intéresse, car quand la loi passe du côté qui dessert le peuple, la piraterie peut devenir un acte citoyen.
Pour accueillir tout ce beau monde, « Chille César » s’est déplacé en personne et gratifie la foule d’un discours rassembleur « pour tous les gaulois, peuple viril de la gaule, mais aussi les pêcheurs de la gaule »… Chacun est tout ouï, et arrive le moment tant attendu de la distribution de la pastille: des bonbons en guise de pastilles d’iode, ceci afin de symboliser concrètement que Bure (et son projet d’enfouissement de déchets radioactifs) est synonyme à plus ou moins longue échéance de dispersion de radioactivité dans l’environnement. Chacun défile tour à tour, avant de passer la tête derrière un cadre afin d’exprimer ce qu’il a à dire à tous les gens présents: tout le monde est invité à s’exprimer, à prendre la parole.
Parfois certains hésitent mais en les poussant un peu ils ont des choses intéressantes à dire eux aussi: le système de la compétition nous a tellement appris à ne pas avoir confiance en nous sous peine de paraître « nul » ou je ne sais quoi…
OSONS parler, OSONS être ce que nous sommes: des êtres humains debout, qui cessent de courber l’échine et se serrer la ceinture encore et encore pour les profits de quelques têtes au sommet de la pyramide. La Terre-Mère nous a donné la Vie, aucune raison de la vendre à des scélérats. Mettons cette Vie à profit pour préserver celle qui nous porte et nous nourrit, pour que les enfants de nos enfants puissent simplement vivre!
Retour à la maison Bure Zone Libre où nous avons repris des forces et passé une bonne nuit avant le coup de feu du lendemain matin.
1ère étape: Bure->Naix aux Forges->Bar le Duc
On commence par de la montée avant de rejoindre le canal, un peu dur pour ceux qui ne sont pas entraînés au vélo, mais on s’en sort, malgré une belle chute de la petite Naélie avec son papa dans la première descente (a 2 sur le même « engin »). Les journalistes nous attendent un peu plus loin caméra au poing, et le soir-même Le Halage du Débat passe au JT régional de Lorraine et Champagne ardennes (avec rediffusion le lendemain)
http://api.dmcloud.net/player/pubpage/4f3d114d94a6f66945000325/53c4f3d906361d6a28d0690b/0757aab2f86e4bfcb6dfd6f55055c0fc?wmode=transparent&autoplay=1
Petit article France 3 TV
http://france3-regions.francetvinfo.fr/champagne-ardenne/2014/07/14/de-bure-paris-en-velo-pour-dire-non-au-projet-cigeo-517181.html
Halte de midi à Naix-aux-Forges sur les terres d’Irène, avec quelques chansons interprétées en costume.
On repart direction Bar-le-Duc, le soleil est revenu et la route est très agréable. On est alors une 30aine de cyclistes le long du canal: autant dire qu’on nous remarque, surtout avec les 2 grands vélos qui surprennent toujours autant. Les gens rencontrés s’informent, nous soutiennent, quelques incidents de parcours (crevaisons etc…) mais rien qui arrête les Haleurs.
Les haleurs remuent la ville
Passage de la cohorte cycliste colorée dans la rue de la Rochelle agrémentée de musique et de pétards (c’est le 14 juillet quand-même!) puis rendez-vous au parc de l’Hôtel de Ville. Pas mal de promeneurs dans le parc, surpris autant qu’amusés par notre manifestation haute en couleurs. Sur place le journaliste nous attend (les RG aussi sont là, comme d’hab’) et le lendemain un article sera publié dans l’Est Républicain.
Article Est Républicain: « Première étape festive des Bure Haleurs, hier soir à Bar-le-Duc.
Ils ne font pas le Tour de France mais les Bure Haleurs ont bien l’ambition de rejoindre Paris et la place du Trocadéro, dimanche prochain, en dénonçant sur leur chemin le projet d’enfouissement des déchets radioactifs de Bure.
Pétards bon enfant, musiques et chansons festives, distribution de tracts sans concession, ils sont une vingtaine de cyclistes, certains déguisés en personnages de cinéma ou de bande dessinée, à avoir pris le départ, hier matin de Bure, de ce tour militant qui les a conduits, hier soir dans les rues de Bar-le-Duc (44 km).
Après deux passages sur le boulevard de la Rochelle, le groupe s’est réuni dans le parc de l’hôtel de ville pour une heure d’animation toujours aussi joviale mais sur un sujet d’actualité toujours aussi brûlant, le nucléaire. « Bure est une monstruosité ! », assènent en chœur Jack et Anna, venus spécialement du Vaucluse soutenir le mouvement.
« Les gens sont de plus en plus réceptifs à notre message, ça nous motive plus que jamais ! », assure Irène Gunepin, l’une des organisatrices meusiennes de la manifestation. Ce matin, départ à 9 h du boulevard de la Rochelle, direction Pargny-sur-Saulx.
Les cyclistes qui souhaitent accompagner le groupe, même sur une seule étape, sont les bienvenus.
Contact au 06.81.71.54.52. ou au 06.61.40.41.30. »
Accueillis par la municipalité
Le service des sports de la ville nous accueille (c’est pas le cas pour toutes les villes! La question du nucléaire est sujette à pressions apparemment) au stade avec douches et sanitaires, c’est bienvenu après la journée passée.
2ème étape: Bar le Duc->Pargny sur Saulx->Vitry
Etape particulière à Pargny sur Saulx (51)
Départ difficile, on se presse pour être dans les temps. Le midi nous sommes à Pargny sur Saulx, village contaminé par des dépôts radioactifs sauvages (monazite importée par le CEA, voir l’article https://lehalagedudebat.wordpress.com/2013/07/03/surprise-radioactive-a-pargny-s-saulx/).
Devant les grilles du site contaminé…
Antoine GODINOT, géologue reconnu et Bure Haleur actif, est venu spécialement sur place pour informer les haleurs et aussi les villageois de ses dernières trouvailles autour de cette affaire vraiment pas claire. Notamment au niveau d’un captage d’eau coincé entre deux zones contaminées: l’école des mines à l’époque préconisait son déplacement de toute urgence, 20 ans plus tard, rien n’a bougé… Ca se passe dans la Marne, et ça vaut vraiment le coup de savoir ce qu’il s’y est passé, et comment l’ANDRA gère ses affaires. L’organisme qui prétend gérer pour des millénaires à Bure nous montre là ce dont il est capable: ça fait flipper! Vaut mieux leur retirer les manettes vite fait!
Ouvrage radioactif en plein village « revendu » grâce à beaucoup d’insistance (faible mot) par l’ANDRA à la mairie pour 1€: un peu d’argile et ils se cassent, c’est ça l’ANDRA! (à tondre pendant 30000 ans, sinon c’est le drame!!!)
Portion de canal pourrie
La portion de canal Pargny/Vitry est vraiment en mauvais état, voire quasi impraticable sur un bon tronçon: on a l’habitude de voir des chemins de halage mieux que ça! Plutôt que de peiner et risquer crevaisons et d’user les vélos à rien, on a décidé de faire la fin du trajet par la route.
Vitry-le-François
La grand place nous attend, avec beaucoup de monde dessus: c’est « Vitry-plage ». Beaucoup d’enfants, amusés par notre vélorution. Le Capitaine David Sparrow fait son entrée habituelle, tous drapeaux pirates dehors sur son grand vélo, balançant à tue tête la musique du film Pirates des Caraïbes grâce à une enceinte à batterie fixée sur sa « Perle Noire ». La question du jour pour les enfants c’était « mais c’est le vrai Pirate des Caraïbes ou pas? » Certains sont venus se faire prendre en photo avec lui.
Un beau déb’Halage: les grandes banderoles prêtées par Bure Zone Libre en place, les vélos posés ça et là, et on sort les instruments pour interpréter quelques chansons de notre cru… Applaudis par les enfants et les plus grands.
L’association Animamonde qui nous suit, avec sa tente de jeux de bulles, d’argile et autres, fait le plus grand bonheur des enfants présents sur la place. Un côté bon enfant de la manifestation qui s’insère parfaitement dans le spectacle!
Une photographe du journal « L’Union » est là et prend quelques clichés pour l’article du lendemain.
Une nuit « au Vert »
Armand GAUTRON de Vitry, auteur d’un roman sur Bure, assure l’hébergement sur un petit terrain à l’écart de la ville, en pleine nature. Une halte reposante et ressourçante, au clair de lune, nécessaire pour la grosse étape du lendemain: la plus longue du parcours!
3ème étape: Vitry->Châlons->Epernay
On part en plusieurs groupes et on se donne RDV à la halte fluviale de Châlons. L’allure est bonne, le canal pas trop mal malgré quelques portions moins entretenues qui ont occasionné deux chutes dont une en grand vélo avec roulade en slip dans les orties… Ouch! Ça pique! On remonte en selle et on repart, haut les coeurs et moral gonflé à bloc. On roule tant et si bien qu’on arrive à l’heure au RDV.
La place en folie
A midi on se rend place de l’Hôtel de Ville à Châlons-en-Champagne pour un déballage de banderoles, avec circulation déjantée de vélos en musique pour le grand plaisir des gens en terrasse à l’apéro ou au repas. Le CEDRA nous accueille sur place avec Philippe PORTE accompagné de quelques camarades.
Il y a du passage, la place entourée de bâtiments a une bonne acoustique, et notre petit show de Bure Hâleurs, avec guitares, accordéon, coeurs et euphonium, mais aussi grâce aux gens qui nous accompagnent beaucoup de voix, de la trompette et de la flûte, est du plus bel effet: le public est conquis. L’information passe, les tracts sont distribués: opération communication réussie!
A l’occasion du repas/sandwitchs sur la place on voit venir à nous un cycliste lourdement chargé: un voyageur à vélo. Une fois de plus, Will dégaine son micro et l’interviewe. Will est venu de Bretagne avec « Super Fatou » et leur petit garçon pour nous accompagner, il fait des enregistrements pour une radio locale de ses terres: beau reportage en perspective.
Après la pause repas il est temps de repartir car une longue étape nous attend pour l’après-midi. Le chemin est pas mal au départ, puis il s’enherbe un peu avec quelques trous, on débouche ensuite sur les 15 derniers km sur une portion toute neuve qui roule comme du billard: belle aubaine! L’horaire est serré aussi on ne s’attarde pas. Dans notre hâte, l’inattention s’introduit et des événements rocambolesques surviennent:
– Irène crève une roue à l’arrière du cortège, ne parvient pas à la réparer au départ et peu de monde pour l’aider. Les téléphones ont peu de batteries comme on n’avait pas de courant la veille: elle ne parvient à joindre personne. Ayant l’habitude de voyager seule à vélo et finit par se débrouiller: elle nous retrouvera pour l’arrivée à Epernay.
– SuperDéveloppe-Jack tire la remorque en voiture et certaines affaires mises un peu à la hâte tombent de la remorque. Il ne s’en aperçoit pas tout de suite et doit faire bien des km pour tenter de récupérer ce qui est tombé. En même temps il se trouve sollicité par Irène et sa crevaison et ne parvient pas à un rendez-vous d’écluse où il devait y avoir un échange de cyclistes. Les nerfs s’échauffent, et c’est humain: quelle épreuve ce Halage du Débat!
– Pendant ce temps, et pour couronner le tout, Chille César, dans le stress de trouver un endroit pour camper le soir, a un moment d’inattention et il s’emplafonne en plein dans un feu, qu’il couche sans demi-mesure. La voiture se retrouve au garage avec une partie des affaires dedans et il va falloir voir demain comment on peut s’organiser pour gérer la situation.
On avance quand-même!
Vaille que vaille les pédaliers tournent sans relâche, les chaînes transmettent la force aux engrenages, et les Haleurs avancent, inarrêtables! Même Elliot (7 ans) a réussi la demi journée de l’après midi. L’arrivée sur Epernay se fait quasiment dans les temps. L’animation se fait place Hugues Plomb au lieu de la place de l’Hôtel de Ville, mais tout se combine bien: installation des banderoles, défilé de vélos, musique…
La journaliste de Radio France Bleu nous y retrouve et interviewe quelques uns d’entre nous pour un passage sur les ondes demain matin (le 17 juillet, oui je sais on y est déjà mais je ne suis pas encore couché à 3h du matin… Il y a des choses à faire et il faut les faire. Ca sera donc « ce matin » au moment où vous lirez ces lignes). Des gens nous ont même offert quelques victuailles ainsi que des glaces: un vrai plaisir sous le soleil de plomb après toutes ces aventures!
Ouf!
La grosse étape est passée, et le 3ème jour aussi. Selon les mots d’Irène, de son expérience en colos: « le 3ème jour c’est toujours le plus difficile, c’est le jour de la fatigue, après on rentre dans le rythme ». On peut dire que ça se vérifie à 200% sur ce Halage du Débat. N’ayant pas d’hébergement dans la ville, on négocie un prix de groupe auprès d’un camping local. Ça veut dire douches, eau chaude, sanitaires etc… L’étape est assurée. Chacun en profite pour se laver, extérieurement mais aussi intérieurement, se laver de tous ces événements durs qui parfois nous touchent et nous tâchent. Tâchons de prendre de la hauteur, d’accepter la situation et de continuer d’investir des forces plus que positives dans le moment présent.
Maïté, photographe amie des Bure Haleurs, qui nous accompagné un moment sur la tournée, nous annonce de magnifiques clichés… à suivre!
Elle a tellement apprécié qu’elle s’est libérée pour pouvoir nous accompagner sur la fin du parcours.
Epilogue
Une bonne nuit attend les valeureux Haleurs, cavaliers à vélo des chemins de halage, qui ont besoin de repos après tous ces événements. Les esprits s’échauffent un peu parfois dans les moments difficiles, les nerfs en arrivent à fleur de peau, mais on avance, on dépasse ces situations et on en devient plus forts, toujours plus soudés contre la folie du projet CIGéo et sa contamination irréparable du sous-sol entre Meuse et Haute-Marne capable d’irradier bien au-delà de nos frontières. Cela concerne déjà au moins l’ensemble de la France, à commencer par ceux avec qui Bure est quasi directement relié par voie d’eau, le long de la vallée de la Marne, vallée que nous arpentons sur les bords du canal. Nous ne nous arrêterons pas, ce qui se fait à Bure doit se savoir, le temps des révélations est venu pour l’industrie nucléocratique et ses montagnes d’euros déversés de façon obscène sur les élus décideurs.
Que la Justice triomphe de la tromperie!
En avant moussaillons,
La tête haute et le coeur pur!
Et 100 ans plus tard,
Les canaux nous mèneront
A la Victoire de la Marne!